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  • Marianne Abramovici

Actions et attitudes avec quelques traits pittoresques

Dernière mise à jour : 21 août 2023




Avec 75 pages, j'ai lu un peu plus d'un quart de "la lecture expressive et le français"

Ce manuel d'Aimé Souché, inspecteur de l'enseignement primaire, s'appuie sur les instructions officielles de 1923.


"La lecture devient expressive, c'est dès le début du cours moyen, à neuf ans, que l'enfant doit lire avec expression"


Il me semble que lire avec expression est un moyen de mettre en évidence que l'on a suffisamment compris le texte pour mettre, dans sa restitution orale, les intonations adaptées.


"Bien voir, penser juste et rendre sa pensée avec correction, clarté et expression" tel doit être l'enseignement de la phrase nous dit encore A. Souché (p 5)


Pour réussir cette formation, le manuel alterne courts textes issus d'auteurs du XIX ème siècle (les élèves du primaire avaient donc droit à des auteurs plus contemporains que ceux du secondaire, au sens historique du terme, voir mon post précédent), un travail préparatoire à la leçon s'appuyant sur des exercices "d'observation personnelle" visant à exercer les élèves à décrire des éléments (la vigne) ou des scènes (l'achat de souliers) faisant partie de leur quotidien, un vocabulaire à étudier diviser en adjectifs et verbe décrivant la situation et verbe dit "expressif" qui qualifie les actions. (ex, leçon 1 sur la vendange : "le moût sucré fermente et bouillonne dans les cuves).


Des exercices de vocabulaire et de construction de la phrase sont proposés (par exemple, toujours leçon 1 : Deux actions qui se suivent sur le modèle suivant : "Le vendangeur coupe le raison puis le dépose dans le panier"


Enfin, un exercice de rédaction court (un paragraphe) : "Oh ! les beaux raisins ! Des grappes dorées ou violettes pendent à la treille ou emplissent la coupe : vous les examinez (forme, couleur, poifs), vous les cueillez, vous les savourez...



Après la lecture, un petit lexique définit les mots en indiquant de quel lexique ils proviennent.

Quelques questions permettent de vérifier la compréhension du texte et la manière dont l'auteur a rendu expressif telle ou telle description.


Parmi les différents exercices proposés dans le début de cet ouvrage, j'ai noté cet exercice d'écriture où on demande à l'élève de prendre en compte la différence de caractère pour décrire la même scène : "Coliche est un rude ouvrier de la terre, et pourtant il est satisfait et félicite l'enfant; le petit Basile tout heureux fait part de sa surprise et de ses craintes, puis de sa grande joie" (p 13).




Cet exercice d'écriture est toujours mobilisé aujourd'hui, que ce soit quand on demande à des élèves d'imaginer l'intrigue d'un livre depuis un autre protagoniste ou bien une scène absente d'un ouvrage. Mais le fait de demander d'écrire un même récit depuis deux points de vue et donc de former les élèves à comprendre comment rendre compte, à l'écrit, de deux expériences subjectives différentes me semblent particulièrement intéressant.


L'exercice suivant correspond à la consigne : "Peignez les actions et attitudes avec quelques traits pittoresque : bruit, jeux de lumière..."


J'ai été attentive, à caractériser l'attitude du protagoniste, à utiliser les verbes les plus adéquats pour décrire ses actions (je dois avouer que lire m'a posé problème). Si l'attention aux détails pittoresque ne fut pas un effort, celui de caractériser l'attitude en même temps que l'action fut moins naturel. Voilà le premier résultat :


Exercice d'écriture 1


Elle descendit de l'étage, à peine plus tard que les autres jours. A sa démarche, plus lente, son visage fermé, ses yeux, perdus dans le vague, je compris que sa nuit n'avait pas été bonne.

Elle s'arrêta un instant, immobile devant la porte-fenêtre, puis sortie sur la terrasse. Les gestes calmes, elle alla chercher un coussin d'assise et s'installa, à sa place habituelle, sous les glycines.

Le jour se levait à peine, le vent frais ne transportait pas encore l'odeur capiteuse des glycines en fleurs. Les abeilles bourdonnaient déjà. Les rayons encore dorés du soleil jouaient à cache cache sur la table de pierre.


Elle avait pris son vieux manuel scolaire et son téléphone. Mais ce jour là, elle ne mit par la radio mais choisit, depuis son portable, une musique classique.

Elle ouvrit son livre et s'absorba tout entière dans sa lecture. Attentive, elle tournait les pages lentement. Ses yeux suivaient les lignes, revenaient parfois en arrière.


Parfois, interrompant sa lecture, elle se penchait sur son carnet et écrivaient quelques mots. Son cahier était ouvert dans la continuité de son ouvrage et elle n'avait qu'à se pencher légèrement, l'avant bras solidement posé sur la table, pour tracer rapidement quelques notes. Aux allers retour que ses yeux faisaient entre son carnet et son manuel, j'imaginais qu'elle recopiait des extraits de son ouvrage.


A un moment, elle releva la tête, soudainement en alerte. Elle fixa l'horizon un moment puis pris son téléphone et regarda quelque chose, et je la vis sourire, pour la première fois de la journée. Je compris alors que c'était la cantate de Bach qui venait de débuté qui l'avait tiré de son étude matinale et qui contribuait maintenant à alléger son humeur.


Quelques temps après, le chat noir vint roder autour de ses jambes. D'abord, elle sembla totalement l'ignorer, comme absorbée dans sa lecture. Peut-être d'un mouvement plus rapide, peut-être d'un frôlement plus direct, le chat attira enfin son attention. Après un rapide coup d'oeil, elle laissa pendre sa main vers lui, sans plus changer de posture. Mais ce matin là, le chat ne se suffit pas de cette invite silencieuse et miaula, pour l'avoir tout à lui.


Alors elle le regarda plus lentement, et un lent sourire pris forme sur son visage.

"Qu'est-ce que tu veux toi ? Pourquoi me déranges tu dans mon étude ?"


La réponse ne vint pas mais, à ce simple échange, le chat vint se lover tout contre ses jambes et eut le droit à toute son attention. Ses caresses, précises, suivaient les zones que le chat semblait lui indiquer, par de légers mouvement de la tête et du cou. Et, durant les quelques minutes où cette conversation tactile dura, je retrouvai sur son visage la sérénité des autres matins.



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