ECF, pour beaucoup, c'est un des leaders du secteur de la formation à la conduite et à la sécurité routière. Mais c'est aussi une aventure entreprenariale étonnante. Retour sur une histoire d'innovation organisationnelle
Ce premier post est issu d'une recherche PREDIT réalisée en 2008. Ce post étant à vocation historique, je n'ai pas réalisé de recherches complémentaires. Cependant, je suis toujours en relation avec les responsables de l'entreprise et nous avons co-organisé en 2018 un "sprint de design de services" avec le Master Marketing et Management des Services. Même si je n'ai aucune relation contractuelle avec ECF, je revendique une proximité de vision sur ce que devrait être la formation à la conduite.
Retour aux sources : la création de l'association ECF : un projet d'abord pédagogique
Dès la création de son école de conduite à Marseille, G. Acourt adhère au syndicat professionnel, le CNSCRA. Il prend vite conscience que dans les réunions syndicales, les thèmes privilégiés de discussion renvoient à des problèmes très opérationnels comme les places d’examens, ou de jugement des inspecteurs du permis de conduire ; les problèmes de pédagogie sont très peu abordés. Il prend alors l’initiative d'organiser une première réunion autour des thèmes pédagogiques dans le cadre du syndicat. Deux personnes seulement se déplacent et parlent d'une troisième.
Assez rapidement en 1969, ces 4 exploitants créent une association dont l’objet est de former les citoyens usagers de la route et qui va se soucier de pédagogie de l’apprentissage à la conduite. Le frère de G. Acourt est torréfacteur et vient alors de recevoir une plaquette d’une association regroupant des torréfacteurs en France, « Les Maîtres du café »; les statuts de l'association sont joints à la plaquette. C’est cela qui va servir de base aux statuts de l’association. Très vite, comme l'un des quatre exploitants fait beaucoup de ski et connaît bien l'ESF, l’Ecole de Ski Français, le nom d’ECF s’impose, et la charte graphique reposant sur les trois couleurs nationales est largement reprise.
Les 4 fondateurs[1] sont, outre G. Acourt, un ancien militaire à la retraite, un ancien pilote automobile et un exploitant d’une petite structure. Très vite, par le bouche à oreilles dans la profession, l’association compte 14 établissements. G. Acourt dessine sur la table d’un restaurant le premier logo ECF et les premiers toits lumineux des véhicules. C’est alors la première fois qu’on appelle les véhicules, des voitures-écoles et les entreprises, des écoles de conduite. Un uniforme bleu marine est dessiné ; sur la poche poitrine, il est écrit ECF, Professeur, (et non moniteur) pour matérialiser la volonté de faire de la pédagogie et de l’enseignement : « le comble de l'outrecuidance ». Lors de l’inauguration de l'association, toute l’équipe est habillée de la même manière, enseignants et hôtesses d'accueil, et les 35 voitures portent les couleurs d’ECF. « Je voulais être très institutionnel (...) pour nous, on était chargé du service public » G. Acourt.
Très vite le syndicat professionnel (CNSCRA) repère l’initiative et s’y intéresse. Le responsable propose alors d’organiser le congrès National à Marseille et d’y présenter l’initiative d’ECF. En janvier 1970, tous les adhérents arrivent en uniforme avec les véhicules aux couleurs d’ECF au Congrès. Cela déclenche de nombreuses adhésions, et le journal de la profession titre alors « ECF, une solution d'avenir mais ? ».
Les fondateurs d’ECF prennent alors conscience qu’il n’existe rien de ce genre là en France et sont amenés à étendre l’association à un niveau national. En 1970, les statuts de l’association sont modifiés en conséquence : 15 régions sont créées et la marque ECF est déposée. L’association se développe alors très rapidement, enregistrant les adhésions sans se poser trop de questions. Des écoles se créent dans les mêmes quartiers, devenant par là - même concurrentes.
Les responsables de l’association se rendent vite compte que la pédagogie n'est qu'un des aspects de l’intérêt commun des adhérents : ECF a également une activité commerciale, fait de la communication pour l’ensemble des adhérents, centralise les achats … ce qui explique le succès et le développement de la structure. Développer la pédagogie de la formation à la conduite et à la sécurité routières ne peut constituer le seul motif d’adhésion d’autant que les contraintes imposées par l’association sont importantes : achat et port des tenues, habillage des véhicules, droit d’entrée (environ l’équivalent du prix de 6 heures de conduite), cotisation annuelle (environ 60 heures), obligation d’assister aux réunions pédagogiques, charte affichée dans les locaux, bons taux de réussite, deux parrains et un aval du conseil national de l'association pour adhérer.
[1] Gérard Acourt, Albert Gambus, René Abbo, Francis Durieux
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