Alors nous y voilà, nous entrons dans le ventre de la bête. Récit d'expérience à la première personne, disons, au début de la seconde semaine.
Récit retrospectif mais fidèle aux sensations vécues. Vous êtes prêt.e.s ? On rentre...
Je suis arrivée 5 minutes avant mon heure de vestiaire. Un peu essoufflée de mes quelques minutes de marche, je décide de m'assoir. Il y a quelques curistes, reconnaissables à leur sac - offert par la cure - qui attendent également. Juste quelques minutes avant mon "heure", je me lève et me mets dans la queue qui s'est formée. Aucun curiste n'a besoin de renseignements ce matin, j'arrive vite devant la gouvernante qui coche ma case en me disant bonjour. J'ai déjà en main mon portant qui porte le n° 171 (je cherche chaque matin un palindrome, juste pour m'occuper). Je me sers moi-même de mon peignoir que je choisis en XL même si le L serait suffisant. Contrairement à certains curistes, je ne prends qu'un peignoir donc je veux avoir le maximum de surface de seichage, ne pas finir dans un peignoir trempé est un des défis quotidiens du curiste !
Une des deux cabines du fond du vestiaire est libre et, coup de chance, c'est celle qui n'a pas le sigle handicapé. Même si j'ai techniquement le droit à cette cabine, je préfère toujours la laisser libre pour plus handicapé que moi. Mais j'apprécie d'avoir une cabine plus vaste avec un tabouret qui me permet de mettre mes affaires à hauteur. J'ai déjà mon maillot de bain sous ma robe. La préparation est donc rapide, le plus long étant de placer correctement mes chaussures de ville sur le portant et d'enfiler mes crocks.
Déjà sortie, je laisse mon portant habillé et ma cane au vestiaire et me dirige vers les toilettes. Me voilà définitivement prête pour mon soin préféré : la baignoire.
Ma baignoire est la Bali, une baignoire où je peux monter en position assise et qui s'incline pour me permettre un soin en position quasi-allongée. Le premier jour, j'ai accepté de faire le soin dans une baignoire "normale", contrairement à ma prescription. Je l'ai regretté lors de ma "sortie", mes épaules ont été douloureuses d'avoir à la fois du soulever mon poids et maintenir un équilibre délicat. Depuis ce jour, j'accepte sans négocier cette baignoire adaptée et j'en apprécie tous les bienfaits sans l'angoisse d'arriver à gérer ma sortie.
Vous pourriez me reprocher d'entrer ainsi dans les détails mais cette anecdote illustre pour moi ce chemin d'acceptation de ce que je peux et ne peux plus faire. Je ne suis, de loin, pas la moins mobile, pas la moins svelte, pas la moins âgée de la cure. Alors, bénéficier de soins adaptés quand des plus âgées, des plus fragiles que moi s'en passe, cela m'interroge toujours. Oui, mais voilà, il faut combattre le jugement sur l'apparence. Mes problèmes d'équilibre sont réels et le confort de cette baignoire adaptée a beaucoup joué dans la qualité de ces soins.
Prochain soin, une fois sortie et séchée, les cataplasmes de boue. Toujours pour des questions d'équilibre, j'ai évité le bain de boue et j'avoue que l'aventure ne me tentait pas. Les cataplasmes sont posés sur mes zones douloureuses, et je vais constater, de jour en jour la diminution (jusqu'à disparition complète en dernière semaine) de l'inflammation de mon genou "sain". Les dix minutes de pose passent vite dans cette lumière tamisée. Là où, pendant le bain, le bruit de la machinerie masquait le brouhaha de la cure, dans cette aile sans bruit de moteurs, c'est les rituels d'installation et de sortie du soin qui habillent l'espace sonore. J'apprécie la gentillesse et la personnalité des personnes qui installent et interrompent le soin, toujours à l'écoute, toujours patiente.
Ce soin ne nécessite pas de séchage. Je peux donc me rhabiller rapidement pour rejoindre le couloir où j'ai attendu pour mon premier soin afin d'être installée pour la douche pénétrante assise. Ce soin ne dure que 5 minutes donc l'attente n'est jamais longue. Cela me permet tout juste de poursuivre la conversation entamée lors de mon premier soin, notamment avec Sophie pendant mon installation, si enjouée de bon matin.
Je salue également silencieusement les curistes que je croise tous les matins aux mêmes horaires. Parfois nous échangeons quelques mots mais c'est assez rare. Bien entendu, quand je croise des curistes logés à la Maison Rose, comme moi, les salutations, qu'elles soient silencieuses ou orales, sont plus appuyées.
Me voilà assise, à recevoir les jets assez dynamiques; je n'ai pas le temps de me perdre dans quelque rêverie que ce soit. Les jets s'arrêtent déjà. Le séchage, à cette étape, nécessite d'utiliser la serviette de mon sac et comme le second soin est également humide, je la laisse autour de mon cou alors que je me dirige, dans un peignoir humide vers la douche au jet.
Là encore, très peu d'attente. J'ai à peine le temps de m'assoir que je dois déjà enlever mon peignoir et me ranger le long d'une barre qui va permettre de me tenir debout pendant le soin. Ici, c'est une préparatrice qui va réaliser le soin durant toute la durée en se référant aux consignes du médecin. Le jet est assez puissant et chaud durant quasiment toute la durée (courte) de ce soin où je vais passer par quatre position( face, profil gauche, dos, profil droit) avant de me retrouver de nouveau face au jet pour la dernière partie qui ne sera que sur les jambes et à l'eau froide. Bon pour la circulation !
Tous mes soins "individuels" sont achevés. Je n'ai plus que les soins en piscine. Jusqu'à cette cure, la "piscine de mobilisation" ou "piscine active" comme elle est nommée ici était, avec la baignoire, mon soin préféré. Mais le médecin a préféré me prescrire "double trombes" en m'indiquant qu'il pensait que la rééducation en piscine ne serait pas adaptée pour moi. Comme j'assiste aux séances même si je ne les suis pas, je comprends son choix. A Eugénie les bains, ils insistent sur la cardio et le renforcement musculaire là où j'aurais davantage besoin d'étirements. Heureusement, mes cures précédentes m'ont enseigné les bons gestes et je les pratique, à mon rythme, durant ces 20 à 30 minutes de soins en piscine (selon les jours).
Me voilà, entre 1H30 et 1H45 après mon entrée dans la cure, selon les jours et l'attente. La dernière étape se déroule dans la salle de pause mais je la passe souvent pour boire un café expresso à la Maison Rose avant de m'allonger avant le repas.
Cette année, les soins ne m'épuisent pas autant qu'il y a deux ans même si il m'arrive quand même régulièrement de faire une sieste durant la journée. En plus d'une marche dans la ville pour aller prendre un second café et faire quelques courses, les jours de soleil, je profiterai pendant une heure de la piscine de la Maison à moins que je parte pour une excursion.
Voilà, c'est fini pour l'expérience de service. Si vous avez des questions n'hésitez pas. Il y a sans doute des choses à écrire encore....
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